Salut,
j'ai lu tout le lien que tu as mis, je n'y vois rien de convainquant sur le pour ou le contre, par contre personne n'y aborde le problème des soins post-buccaux (protection face aux prédateurs, nourrissage, etc), du lieu où relacher les juvéniles à la fin de l'incubation, ou d'autres choses transmises de mère en fille. Or l'incubation ne se résume pas à prendre des oeufs dans la bouche et les y garder plus ou moins longtemps (ce qui a très certainement une forte base génétique). Si une femelle de Tropheus (pour rester Tanga) libère ses jeunes en pleine eau face à un Lepidiolamprologus, je te dis pas le résultat. Par contre si elle les libère dans une zone riche en petites pierres près de la surface et loin des prédateurs, ça a des chances de mieux se passer. Le choix du site du lâcher est important, or on ne sait rien de la transmission de ce choix à la descendance. Chez de nombreux animaux (vertébrés et insectes) le lieu de vie dans les premiers stades de développement influence fortement les préférences d'un individu une fois adulte. Chez Amphyprion ocellaris, le fait de vivre dans une anémone est un comportement acquis. Etant alevins, s'ils ne grandissent pas dans une anémone, ils ne seront apparemment jamais intéressés d'y vivre étant adultes.
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=3043830 (je n'ai pas le pdf)
On peut imaginer la même chose pour les incubateurs buccaux. Pour relacher ses petits, une femelle peut très bien chercher un site semblable à celui où elle a passé les premiers jours de sa vie libre, c'est-à-dire où sa mère l'a libérée.
D'autres préférences sont transmises à la descendance pendant ou juste après l'incubation. Il y a un article paru récemment qui montre que les jeunes s'impregnent de l'image ou plus certainement de l'odeur de leur mère pour ensuite reconnaitre leurs partenaires sexuels chez des espèces de Pundamilia.
voici le lien de l'article, je dois l'avoir en pdf, mais faut que je le retrouve :
http://www.journals.royalsoc.ac.uk/cont ... w1184k4lh/
Machteld N. Verzijden & Carel ten Cate, 2007 - Early learning influences species assortative mating preferences in Lake Victoria cichlid fish, Biology Letters, 3(2):134-136
un autre article beaucoup plus ancien semble montrer la même chose chez H. burtoni, mais je n'ai pas cet article, donc je sais pas trop de quoi il parle réellement. Tout ce que je sais, c'est le comportement adulte est influencé par le contact (visuel et chimique) avec sa mère quand il était alevin
la réf :
Capron de Caprona M-D. 1982 The influence of early experience on preferences for optical and chemical cues produced by both sexes in the cich- lid fish Haplochromis burtoni (Astatotilapia burtoni, Greenwood,1979). Z.Tierpsychol., 58:329-361.1982
il faut aussi se poser la question du bienêtre des ?ufs, larves puis alevins dans un incubateur et des conséquences sur leur vie future. Et là c'est la néant, on ne sait rien. Les hormones n'ont peut-être pas les mêmes niveaux de production que dans le cas des incub menées naturellement, ce qui peut affecter la vie sociale furture des poissons (niveau d'aggressivité par exemple) ou leur développement (malformations éventuelles, quoique apparemment il n'y en a pas).
il me semble bien que au moins pour certaines espèces pondeuses sur substrat, les souches du commerce sont moins aptes à élever leur progéniture que les sauvages (On entend souvent parler de ramirezi d'élevage incapables d'élever leur progéniture, mais des sauvages... j'en ai pas souvenir, quoiqu'il est vrai que les sauvages sont rares à côté de ceux d'élevage). C'est pas impossible que ce soit pareil pour les incubateurs buccaux qui donnent des soins aux alevins après l'incubation. Perso n'ayant pas de preuve, j'applique simplement le principe de précaution. Et depuis que j'ai laissé une femelle Haplo flameback s'occuper de ses petits jusqu'à une semaine après la fin de l'incubation, j'ai choisi de le faire chaque fois que c'est possible, ne serait ce que pour le plaisir d'observer un tel comportement.
un autre aspect non abordé, c'est le stress occasionné à la femelle lors du crachage forcé (c'est français ça ?). J'ai entendu parler de femelles traumatisées qui refusaient de se reproduire suite à une telle expérience, mais je ne l'ai pas observé moi même.
après chacun adopte l'éthique qu'il veut, mais si l'objectif c'est d'observer des comportements naturels, autant tout faire pour que les comportements soient transmis de génération en génération, ce qui implique un contact entre adultes et juvéniles. Et si on accepte les incub artificielles, on doit aussi accepter les élevages de poules industriels, or peu de gens ici les acceptent
Séb
PS 1 : tu peux aussi jeter un oeil ici :
http://www.haplochromis.org/forum/forum ... PN=1&TPN=1
PS 2 : un article généraliste très intéressant (honte à moi je ne l'ai que survolé)
http://www.sciencedirect.com/science
PS 3 : oui on dévie beaucoup, mais je crois que c'est important de discuter de ce genre de problèmes
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