BAGADOU a écrit :Les hybridations naturelles sont-elles "anormales" ?
yopla, je rebondis. Pas simple de savoir ce qui devrait rentrer ou non dans la norme.
Pour moi, une mutation est un accident au niveau du patrimoine génétique d'une forme de Vie : l'information portée par l'ADN change. Ce changement peut être naturel (erreur sans réelle cause extérieure, ou causée par des agents extérieurs : UV, RX, radioactivité naturelle -oui ça existe, la tyroïde de nombreux creusois le prouve-) ou bien artificielle (exposition à des agents mutagènes amenés par l'Homme). Mais ça ne suffit en général pas pour "voir" l'effet de cette mutation sur un être vivant, il faut qu'elle soit transmise. Et pour quelle s'impose dans une population, en général, c'est à ce moment qu'interviennent les conditions environnementales (c'est l'exemple connu de la mutation qui apporte un avantage aux individus exprimant la mutation, ceux-ci ont plus de chance de voir leurs allèles représentés dans la génération suivante). Donc contrairement à ce qu'on pense, lit, entend, etc... L'environnement intervient dans l'évolution, non pas tellement en produisant les mutations lors des changements des paramètres physiques du milieu, mais plutôt en sanctionnant ces mutations, leur permettant de s'exprimer ou non.
Si on suit le raisonnement de Mr Toutlemonde, le mutant (celui qui exprime une mutation) est anormal, il ne suit pas la coutume ancrée dans le patrimoine génétique : celui qui porte l'ancienne version de l'info génétique (d'avant la mutation) est normal... Sauf que dans ce cas, avoir un menton n'est pas du tout la norme chez les Primates, c'est anormal. Oui mais, il se trouve que cette mutation s'exprime chez tout les
Homo sapiens sensus stricto, c'est une norme dans notre espèce (et c'est nécessaire pour que nos descendants puissent se servir de leurs mâchoires associées à leur face aplatie)...
Le cas de l'hybridation est aussi délicat dans le sens où ce terme admet plusieurs acceptions :
Chez les généticiens travaillant à "l'amélioration" (sic) des formes de vie cultivées ou élevées (sélection artificielles). Un hybride est le croisement de 2 souches pures de même espèce (le F1 des généticiens tels que Morgan, sont des hybrides...)
Pour nous qui voyons plutôt la chose sous l'angle de l'Histoire de la Vie, de la connaissance de la biodiversité (etc...), un hybride, c'est toujours le résultat d'un croisement de 2 espèces différentes. Le croisement est possible si les espèces appartiennent à des branches pas trop éloignées l'une de l'autres. Plus les branches sont rapprochées, plus on a des chances de voir sortir des petits féconds. Savoir ce qu'il en est la norme ou pas est laissée à la sensibilité de chacun : si à mon sens les hybrides artificiels sont aà considérer comme des anomalies dans ce que les anciens naturalistes appelés "l'ordre de la Nature", il n'en demeure pas moins que c'est presque une norme dans notre assiette : le blé, la banane, le colza... sont des hybrides. Dans la nature, il a été démontré que les hybrides peuvent jouer un rôle dans l'avènnement de nouvelles formes de Vie (introgression). Il est par exemple, habituiekl de dire que de nombreux Ophrys sont d'origine hybridogène certains auteurs rentrent même sous la norme et le nom
O. vasconica, des populations qui ne seraient pas toutes issues de parents identiques... Comme si cette espèce serait apparue plusieurs fois dans l'Histoire de la Vie.
Pour les Rongeurs, ce qu'on appelle « mutation » devrait être appelé « allèles » et les individus : des porteurs d'allèles : l'allèle velvet n'est pas forcément dû à la même mutation...